Fuir. Toujours fuir. Tu es l'ombre de ton ombre... Pythagore, de quoi as-tu peur ? Pourquoi as-tu peur ? Lâche. Tu n'es qu'un lâche. Un peureux. Tu as beau être bon, cela ne suffit pas, cela ne te rend pas plus fort. Tout pour toi est source de danger, tu es méfiant mais la haine luit dans tes yeux.

Tu essaies d'avancer mais tu te dis, à quoi bon ? Après tout, tu n'es rien, tu n'es qu'un simple déchet parmi tous les trésors de ce monde. Toi... Personne ne t'a jamais aimé, personne ne t'aimera. Tu as beau surplomber la forêt, du haut de cette falaise, tu n'es rien. rien. absolument rien. Le vent caresse ton doux pelage grisâtre, un peu boueux et assèche quelque peu tes beaux yeux marron.

T'es pas un grand sentimental mais si tu tiens à une personne, tu l'aimeras de ton être. Mais tu es seul et destiné à le rester. Qui voudrait d'un avorton, d'un lâche, d'un peureux, d'un malchanceux ? Rien ne te sourit et pourtant, tu essaies de vivre. T'as peut être ouvert la boîte de Pandore pour avoir tous les maux du monde, qui sait ? Tu essaies d'être courageux, de combattre tes peurs, mais ce n'est pas si facile.

Discret, tu erres te cachant derrière la cime des arbres. De tes pattes aux coussinets amochés, à force de marcher encore et encore, tu grattes le sol fougueusement cherchant de la nourriture à t'en délecter les babines. Tétais toujours seul, c'est pas comme si cela te déplaisait après tout, mais ta vie est morne. Comme un tableau en noir et blanc.

T'as été roué de coups et traîné dans la boue. Comment pouvaient-ils te prendre si peu en considération ? T'étais le poids lourd de la famille. Après tout, tu n'avais pas une bonne carrure, tu n'avais pas assez force dans ta mâchoire, tu n'étais pas le plus intelligent... Un souffle chaud sort des narines de ta truffe d'un noir intense.

Et puis, tu ne pouvais peut être pas leur en vouloir. Ce monde était en train de sombrer, lentement. Des clans se formèrent, les plus faibles étaient mis au plus bas rang voire même rejetés. Alors toi tu as fuit et désormais, tu erres. Toi, tu veux juste vivre loin de cette douce décadence.