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 Un lac. Une étendue d’eau immense se tenait à présent devant elle. Des jours durant la louve n’avait vu une goutte d’eau. La vue lui était donc bien agréable. Pressant un peu plus son pas, ni d’une, ni deux, elle se retrouva submergé par le liquide. Plongeant la tête plusieurs fois sous la surface. Ouvrant la gueule pour avaler quelques gorgées. Elle mentirait si elle venait à dire qu’elle n’avait pas eu soif. Mais elle savait aussi que c’était de sa faute. Et alors qu’elle pointa le bout de son museau vers le ciel, un rire lui échappa. Un être pouvait survivre sans se nourrir pendant quelques semaines, voire plus. Mais sans boire ? Impossible. L’idée de parcourir l’horizon lui était un matin venu. Et c’est ce qu’elle avait fait.

Les terres sur lesquelles elle se trouvait étaient celle d’une meute. Et si son museau ne lui avait pas joué un tour, il y avait deux autres meutes dans les alentours. Parfois, elle enviait la vie de ses membres. À l’abri du danger que les solitaires eux, par contre, connaissaient si bien. Mais n’avoir son mot à dire lui semblait tout particulièrement étrange. Elle, qui depuis deux ans était son propre chef.

Inspirant une grande bouffée d’air, elle rejoint la terre ferme, s’ébrouant au passage. Son pelage avait été plus brun que gris ses derniers jours et l’eau l’avait nettoyé de toute cette terre qui s’y était installé. Sa route avait été longue et bien ennuyeuse. Mais peut-être irait-elle encore plus moins, dans quelques jours ou dans quelques semaines. Seul elle pouvait le savoir et pourtant, aujourd’hui et en ce moment même, elle n’était pas sûre de vouloir aller plus loin. D’abord lui fallait-il découvrir ces terres. Peut-être rencontrer d’autres canidés et voir où ça la mènerait.

Retrouvant son calme et son impassibilité, elle partit s’allonger un peu plus loin. Ce n’était pas une excellente idée de rester à un point d’eau qui appartenait visiblement à une meute. Mais elle s’en contrefichait. Solitaire, c’était sa liberté qui primait.

Couché près de quelques arbres, elle se laissa bercer par le chant de quelques oiseaux et le feuillage des arbres qui se faisait brusquer par de petites rafales de vent. Lentement, elle vint fermer les yeux sans pour autant succomber au sommeil. Attendant. Longtemps. Mais toute patience est récompensées au final et la louve n’attendait que l’arrivé d’un congénère.

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Plus d’une fois, le sommeil failli l’emporter. Pourtant, elle resta bel et bien éveillée. Elle n’était pas épuisée, même si elle aurait volontiers fait un petit somme. Dans les terres d’une meute dont elle ne savait rien, c’était peut-être loin d’être l’idéal. S’amusant de ses propres pensés, elle profitait du silence que lui apportaient ses alentours. Elle aimait le silence, car il était aussi révélateur que n’importe quel bruit. Pourtant, cela ne dura pas bien longtemps et enfin, un autre canidé vint faire son apparition. Elle le remarqua rapidement, sans doute parce que elle ne s’attendait qu’à ça.

Un mâle. Méfiance donc. Bien que le dernier mâle à avoir tenté quelque chose avec elle est à présent six pattes sous terre. Passons. Un solitaire. Comment-ça ? Relevant la tête, la louve s’assura que son museau ne la trahissait pas. Que faisait-il ici ? Ah, quelle drôle de question, elle non plus n’avait rien à faire ici. Son pelage était blanc comme neige, lui rappelant bien nombre de loups qu’elle avait rencontrés dans des contrées plus froide. Le loup était plus âgé qu’elle. Il parlait tout seul aussi, ce qui, dans certaines croyances, était présage de folie. Mais qui était-elle pour en juger ?
Ne se relevant pas, la jeune louve se redressa tout de même un petit peu, observant avec intérêt le mâle blanc.

« Drôle d’habitude que de parler seul. »

Elle avait bien choisit ses mots, de quoi ne pas le tutoyer ou le vouvoyer. Elle ne pouvait pas, ça lui était impossible. Tant qu’il ne s’adressait pas à elle, elle ne pouvait rien imiter.

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-C'est une aussi drôle habitude que de se promener sur les terres des hurricanes quand que nous sommes en faites des Solitaires...Alors, dit-moi, qu'est-ce qui t'emmène ici, en terrain ennemi?

Le ton du loup était neutre, impossible pour elle de savoir si ce dernier était un sanguinaire ou non. Probablement pas, sinon il l’aurait déjà fait savoir en lui répondant d’un ton bien moins sympathique. La louve ne laissa pourtant pas paraître ses pensées. Il l’avait tutoyé. Au moins, elle savait déjà comment s’adresser à lui.

Par contre, elle n’avait pas idée de ce qu’il parlait. Visiblement, la meute à qui appartenaient ses terres était donc la meute Hurricane ? Devait-elle faire semblant de savoir où elle s’était aventuré ou devait-elle tout simplement jouer la carte de la vérité ? N’y pensant pas plus, elle se releva pour s’asseoir. Son pelage était presque sec et la louve avait conscience qu’il sécherait plus vite si elle s’allongeait en plein soleil.

« Si les hurricanes ne supportent la présence d’autrui sur leurs terres, ce n’est pas de ma faute. »

Un ton neutre également, bien que le message qui s’y cachait était clair. Elle n’avait pas peur d’une meute de loups. Et s’ils tenaient à leurs terres, ils n’avaient qu’à mieux la garder.

« J’ai marché pendant des jours et ce lac fût le premier point d’eau que je croisa. Et toi, que fais-tu ici en connaissant visiblement les possibles conséquences quant à ta présence sur le terrain.. ennemi ? »

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Un étrange silence s’était soudainement installé après ses paroles. Le loup cherchait-il une réponse ou s’absentait-il dans ses pensées ? Nephtys n’y prêta pas plus attention, laissant son regard par courir le paysage. Le lac devant elle qui semblait ne pas avoir de fin. Des montagnes au loin, promesse d’autres terres à venir.

Allait-elle rester ici ? Elle l’ignorait. Elle avait pour habitude de rester quelques mois et puis de partir. Cela devenait lassant, même pour elle. Son âme vagabonde ne lui permettait pas de rester et puis, quand on comprenait son fonctionnement, ça tournait souvent au désastre. Avait-elle envie qu’on connaisse son nom ou sa nature ? Peut-être. Avoir comme seul surnom l’inconnue était aussi étrange que le silence que le mâle avait créé entre eux. Puis, soudainement, il reprit la parole et la louve pouvait concevoir les choses du même point de vue que lui. Enfin une information intéressante.
Il ne semblait lui-même pas savoir ce qui l’avait mené ici. Et la louve connaissait cela.

« Les meutes apprécient rarement qu’on visite librement leurs terres. »

Posant son regard sur la surface d’eau, elle se demandait où lui venait cette mauvaise opinion concernant les meutes. Sans doute sa dernière rencontre avait-elle été un solitaire dans l’âme.

« En même temps, il serait dommage de se priver d’un si beau paysage. » Soupirant, elle posa son regard sur le loup. « Tu es ici depuis longtemps ? »

Simplement de quoi lancer une conversation.

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Il ne venait certainement pas d’arriver, connaissant déjà les meutes. Nephtys aurait pu lui envier cette connaissance, mais ce n’était pas du tout le cas. La louve avait pour attitude d’être une brise de vent qui passait par là pour disparaitre ensuite. Elle ne connaissait jamais rien de personne. Et son manque de personnalité lui apportait autant de bonnes choses que d’ennuis. Parfois, elle aimerait n’être que gentille. Mais elle aimerait aussi ne voir que par le sang. Hors, seule elle était incapable de choisir. Alors, elle imitait quiconque se trouvant en face d’elle. La louve n’y pouvait rien et c’était ce qui la poussait à s’éloigner et à ne connaître personne.

Les autres avaient pour habitude de croire que c’était une comédienne. Une manipulatrice et une menteuse. Ce qu’elle n’était pas, à un certain degré.

« Non, je viens d’arriver. » Pour une raison qui lui échappa, elle eu un rire légèrement nerveux. Trop de pensées. « Je crois prendre le titre de solitaire trop à cœur. Je ne reste jamais bien longtemps au même endroit. Mais il me semble que ces terres sont vastes. »

Perdu dans un monologue que très peu intéressant, la louve regarda un bref instant le ciel. Elle aimerait voler.

« Qu’est-ce qu’y t’a fait rester ? »

Curieuse ? Juste un peu.

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D’étranges paroles avec un sens encore plus étrange pour la louve. Elle en comprenait l’essentiel tout en ignorant jusqu’à quel point elle comprenait réellement. Penser à des êtres chers était une chose, dire qu’il restait ici grâce à de telles pensées était anodin. À moins que ce soit elle qui ne comprenait vraiment pas un tel besoin.
Fallait-il un jour être aimé pour survivre ? La louve l’ignorait. Certes, elle savait ce qu’était l’amour. Mais jamais, ô grand jamais cela avait eu quelconque importance pour sa survie. Une touche d’égoïsme ou une simple indifférence inquiétante, elle ne pouvait le savoir. Elle ne pouvait s’en rendre compte. La question du solitaire la surprit. Y avait-il ne fusse qu’une simple réponse à une telle question ? Et n’avaient-ils pas tous la même raison, ce désir de liberté ?

« La liberté et la solitude. Rien de plus. »

Elle ne voulait approfondir ses dires, et ce fut avec un certain soulagement qu’elle aperçut soudainement une autre louve. L’odeur de ces terres était celle que portait la dite louve. Un membre de la meute qui vivait ici. Fantastique. Cependant, l’accueil n’était ai final pas si mal que ça. Nephtys avait déjà vu pire. Alors, imitant immédiatement et inconsciemment le comportement de la nouvelle arrivante, elle salua à son tour la louve d’un ton calme.

« Bonjour. »

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Le loup ne dit rien et inconsciemment la louve resta donc littéralement dans le vide. Que dire, que faire. Rester neutre et calme comme l’autre femelle. C’était là la simple chose à faire. Nephtys promena son regard sur le solitaire. Étrange. Son comportement était presque indifférent. Peut-être connaissait-il la louve ? Au vue du comportement de cette dernière, non.

Le loup semblait même quelque peu irriter la nouvelle venue. Il ne l’avait pas salué, sa réaction était donc tout à fait normale. Ou du moins, ça semblait l’être pour Nephtys. Mais elle n’en savait vraiment pas grand-chose. Sa vie de nomade l’avait très rarement mené à tomber nez à nez avec un autre solitaire et un membre d’une meute. C’était même la première fois.
Ne perdant pas la réelle signification des paroles de la louve blanche, Nephtys se décida à ne plus la lâcher du regard. Le mâle n’était pas une menace pour l’instant, la louve elle, oui. Solidaire dans sa solitude ? Peut-être, mais il vint à l’esprit de la louve grise que l’hurricane ignorait si les deux solitaires étaient venus ensemble.

« Il est difficile de ne pas être attiré par une telle étendue d’eau. » Et alors, une question aussi étrange qu’elle pouvait l’être elle-même s’échappa de ses babines avant même qu’elle ait eu le temps d’y réfléchir. « Qu’il y a-t-il au milieu de ce lac ? »

Car un tel lac devait certainement avoir une petite ile flottante au beau milieu, non ?

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Une ile. Maintenant, la louve était très intéressée. Elle n’aimait pas forcément la nage, trop lent, trop fatiguant et souvent le détour n’en valait pas la peine. Mais elle était curieuse, très, très curieuse. Et le simple fait qu’il y ai quelque part au milieu de cette gigantesque étendue d’eau une ile, c’était tout simplement intriguant. Son regard se porta sur le lac. Se demandant d’abord s’ils la prendraient pour une folle de plonger à l’eau soudainement, elle revit ses positions. Elle se tenait en face d’une louve faisant partie d’une meute. À qui appartenait ce territoire. Sûrement, partir sans un mot de plus en plongeant dans l’eau ne serait nullement vu comme un acte respectueux, si ?

Non. Voyons. Nephtys ne put s’empêcher de trépigner un court instant sur place. Trop d’énergie. Ah, sa précédente fatigue s’était tout simplement envolée. Alors, elle regarda le mâle, car elle n’ignorait jamais personne, elle en serait parfaitement incapable. Ce dernier lui avait bien dit ne pas savoir ce qu’il faisait exactement ici, et du coup, une idée, -bien qu’étrange-, c’était révélée à elle.

« Peut-être êtes-vous venu jusqu’ici pour vous faire battre à la nage. »

Défis ? Oui. Maintenant, il fallait juste voir si, tout comme elle, le loup avait tout de suite eu l’idée de découvrir l’ile dès qu’il en entendu parler. Sinon, elle espérait qu’il accepte le chalenge. Au moins, elle ne serait pas la seule à plonger dans l’eau et du coup, elle aurait vraiment l’air assez normal. Pas qu’elle s’inquiétait des apparences ou des pensées des autres, loin de là. Et reportant son attention sur l’autre louve ici présente, -car elle ne savait vraiment pas ignorer quelqu’un-, elle reprit d’un ton confiant.

« Et je pari que je peux vous battre aussi. »

Mensonge, elle finirait dernière si jamais ils devaient en arriver à se tremper les pattes, mais ça, elle se tenait bien de le dire. Et pour une fois depuis bien longtemps, elle n’imitait pas ses interlocuteurs mais démontrait une partie de sa personnalité, laquelle, par contre, c’est une autre histoire.

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Elle savait que c’était perdu d’avances. Certes, elle avait assez d’endurance pour nager longuement. Mais elle aussi lente dans l’eau qu’une otarie sur terre. Mais le défi était intéressant et peut-être qu’elle tenterait de repousser ses limites. C’était sans nul doute la présence de la louve Hurricane qui lui faisait un tel effet. Et oui, dès qu’un loup faisant partie d’une meute s’approchait d’elle, elle avait l’impression de vouloir prouver quelque chose. Allez savoir quoi. Mais l’autre solitaire avait raison, il fallait d’abord que l’hurricane soit d’accord.

Mais cette dernière eu une réponse positive quant au défi et ne perdit d’ailleurs pas son temps à papoter. Ni d’une, ni deux, l’hurricane se retrouva à l’eau. Souriant, Nephtys lança un bref regard à Amarok avant de se propulser en avant. Chaque centimètre d’avance était à prendre, car elle finirait dernière et c’était une certitude qu’elle connaissait déjà. Dès que ses pattes touchèrent l’eau, elle ne put qu’apprécier la fraicheur de cette dernière. Et sans attendre son reste, elle nagea pour rejoindre l’autre louve, tentant d’écouter son entourage entre le mouvement de l’eau et sa respiration contrôlée.

Hs ; Pardon du retard xx